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 ~ Gemminy [science-fantasy - en cours] ~

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fallenRaziel

fallenRaziel


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MessageSujet: ~ Gemminy [science-fantasy - en cours] ~   ~ Gemminy [science-fantasy - en cours] ~ EmptyMer 2 Mai - 21:07

~ Gemminy [science-fantasy - en cours] ~ 879141Untitled1

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Titre de l'histoire : Gemminy
Début de la rédaction : 22 août 2011
Nombre de chapitres écrits : 13
Nombre de mots : ~ 142 074
Nombre de pages : ~ 214
Thèmes : gémellité, destin, prophétie, minéralogie, lune, science...
Genre : science-fantasy
Statut : en cours

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Gemminy de fallenRaziel est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 2.0 France.

~ Gemminy [science-fantasy - en cours] ~ Logo

Citation :
Citation :
~ Gemminy [science-fantasy - en cours] ~ 371043chapitre12
(Première Partie)
~ Gemminy [science-fantasy - en cours] ~ 956032paragem12

"Si l'on met le feu à ta maison, approche-toi pour t'y chauffer..."

Dans le coin le plus reculé de Zyrconia, de la fumée s'élevait en permanence des rochers, chauffés par les fortes températures souterraines. Ces émanations piquantes ne masquaient pourtant pas le ciel bleu visible au-delà, indifférent à la fournaise. Quelques rares végétaux poussaient ici et là entre la pierraille, un peu rabougris et abattus par ces conditions de vie.

Un geyser d'eau jaillit, éclaboussant une large zone de gouttelettes brûlantes. Pour se risquer dans cet endroit inhospitalier, une bonne connaissance du terrain et des dangers inhérents à cette région s'avérait nécessaire . Un chemin grossier, tracé par les pas de ceux qui avaient osé s'aventurer jusque là, constituait la seule preuve d'une vie intelligente dans les environs. La faune se limitait à quelques lézards, rongeurs et surtout aux redoutables drakones, reptiles ailés terrifiants, tout de griffes et de crocs. La saison de la ponte rendait les femelles plus agressives que d'habitude . Mais les nids se situaient un peu plus loin au nord et à l'est, et avec un peu de prudence, par petits groupes de deux ou trois , il demeurait possible de grimper sur les versants jusqu'à une certaine altitude.

A travers la brume ardente, deux jeunes hommes se mouvaient avec lenteur, et choisissaient avec précaution les endroits où poser les pieds . Chaussés de hautes bottes, ils se faufilaient entre les panaches de fumée, en quête de quelque chose. Lorsqu'ils eurent trouvé l'endroit qu'ils cherchaient, l'un des deux posa à terre un sac vide et entreprit de fouiller un petit tas de pierres. Son compagnon s'assit sur un rocher tiède à proximité , et observa les alentours .

Leurs traits paraissaient identiques mais leurs attitudes étaient très différentes : celui qui avait entrepris son travail de fouille arborait une expression concentrée, un regard vif et direct, des gestes précis et soigneusement exécutés. L'autre observait son jumeau d'un regard voilé ; ses pupilles invisibles ne le rendaient pourtant pas aveugle et ses yeux rouges suivaient le moindre geste de son frère. Nerveux, il tordait convulsivement un pan de sa tunique du bout des doigts.

Celui des frères qui avait entamé un travail de fouille perçut la nervosité de son jumeau et interrompit un moment son labeur pour lui sourire.

« Ne t'en fais pas, Beryl, il n'y a pas de drakonepar ici. On va même peut-être pouvoir grimper un peu plus haut. Il y a un gros gisement de pierres-flambeaux par là-bas. » Il désigna une hauteur proche.

Les pierres-flambeaux avaient la particularité de brûler comme du petit bois quand on les frottait fortement l'une contre l'autre. Les hivers rudes obligeaient les humains à faire des réserves avant même la fin de l'automne , qui commençait à peine.

Beryl voulut sourire à son jumeau, mais il ne réussit à produire qu'un rictus forcé. Il ne se sentait pas en sécurité malgré les paroles de son frère . Celui-ci se passa la main sur le front, repoussa en arrière une longue mèche de cheveux blanc brillant et jeta un coup oeil vers le ciel dégagé : il s'attendait à tout instant à voir passer une silhouette ailée qui démentirait son pronostic peut-être trop confiant .

Beryl tourna son attention vers le sud, en direction du petit village en contrebas, à peine visible dans la brume matinale. Leur foyer, bien qu'ils sachent depuis longtemps qu'ils ne faisaient pas vraiment partie du peuple qui y vivait, était coupé du monde par les Pics Volcaniques. Les deux jumeaux, différents des autres par leur physique atypique, n'avaient jamais attiré la haine. Les habitants de TigrEye, le village du Feu, les acceptaient. Ils savaient que leur mère adoptive, Ferypenda Braisang, la prêtresse-mère, les avait recueillis ici, dans ces montagnes, une vingtaine d'années auparavant. Mais elle n'en avait pas dit davantage sur leur origine ; peut-être les ignorait-elle...

TigrEye était construit dans une petite dépression au milieu des volcans. On aurait pu penser au premier abord qu'il s'agissait d'un endroit dangereux, mais il se révélait pourtant très fertile. Les cultures y poussaient facilement et l'eau, même si elle demeurait rare, ne manquait pas à ceux qui savaient où la trouver. Ils avaient appris à se passer de ce dont ils ne disposaient pas. Les besoins des autochtones restaient modestes : ils élevaient quelques animaux pour la chair et le lait qu'ils procuraient, et consommaient le fruit de leurs récoltes, toujours suffisantes pour que personne ne souffre de la faim.

Les habitations restaient majoritairement construites en pierres, certaines souterraines, creusées dans l'épaisseur des anciennes coulées de lave ; d'autres, plus petites, étaient faites de bois, mais la rareté du matériau dans cette région sans forêt les rendait peu nombreuses. Le seul moyen de se procurer du bois solide consistait à se rendre sur une petite île non loin d'ici, sur laquelle poussait une forêt clairsemée.

Le bâtiment sans conteste le plus impressionnant du village était le Temple du Feu du Sud, l'unique lieu de culte. Il dominait le centre du village, construit au milieu d'un parvis lui-même surélevé. Aucun des deux jumeaux - ni aucun simple villageois d'ailleurs - ne pouvait y entrer : l'accès restait réservé aux prêtres et prêtresses qui y officiaient, et même le statut de fils adoptifs de la prêtresse-mère ne donnait pas ce privilège. Ferypenda leur avait appris que grâce au Temple, le village vivait en paix , sans avoir à craindre les drakones ou les rigueurs du climat. Le frère de Beryl n'avait jamais été très croyant, mais vu les circonstances et les dangers qui entouraient TigrEye, il devait bien admettre que quelque force surnaturelle entrait sûrement en jeu.

Cela faisait maintenant plusieurs heures qu'ils avaient quitté le village pour leur récolte matinale, et le soleil se hissait de plus en plus haut ; pourtant, la Lune, visible au nord, ne s'estompait pas et restait suspendue au milieu du ciel, comme un orbe brillant. Ferypenda répétait souvent que le jour où la Lune ne serait plus visible à chaque instant de la journée serait celui de la fin du monde tel qu'il était. Mais le frère de Beryl ne pensait pas souvent à ce genre de chose : il préférait vivre le moment présent sans trop s'interroger.

Cependant, la nervosité de son jumeau le gagnait lui aussi. Liés autant par l'esprit que par le sang, les frères partageaient souvent leurs émotions sans le vouloir, et celles de Beryl paraissaient chaotiques à cet instant.

« Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu vas cesser de t'agiter ? le sermonna gentiment son jumeau. Tu me déconcentres ! »

Mais le jeune homme se laissa glisser à bas de son rocher, sans répondre. D'un doigt tremblant, il indiqua le sud, la direction du village… Et son frère comprit alors : de longs panaches de fumée tout à fait inhabituels émanaient de celui-ci. Et là, au centre, on discernait des lueurs dansantes, comme celles d'un feu…

Il lâcha son sac de pierres-flambeaux sous le coup de la surprise. Il savait que les prêtres du temple procédaient à des cérémonies chaque matin, mais jamais jusqu'à présent il n'y avait eu d'accident. Était-il possible qu'un rituel ait mal tourné ? Il pensa à Ferypenda, qui dirigeait toujours les célébrations , et saisit la main de son frère afin de l'entraîner en courant.

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Dernière édition par fallenRaziel le Sam 5 Mai - 23:24, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: ~ Gemminy [science-fantasy - en cours] ~   ~ Gemminy [science-fantasy - en cours] ~ EmptyJeu 3 Mai - 17:20

Citation :
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CHAPITRE PREMIER - Les Feux des Drakones
(Seconde Partie)

~ Gemminy [science-fantasy - en cours] ~ 956032paragem12

Le village reposait dans une brume épaisse, trop compacte pour être naturelle. Dans les rues flottaient des effluves inconnues, l‘odeur d‘un matériau étrange qui brûlait. Les jumeaux, hors d'haleine, apercevaient ça et là dans la semi-pénombre des silhouettes en train de courir, qui s'évanouissaient dans les ténèbres. Ils tentèrent de les suivre en criant, mais ils ne parvinrent pas à les atteindre.

Les yeux larmoyants, ils discernèrent petit à petit ce qui ressemblait à des corps allongés. S'agenouillant près de celui d'une jeune fille, le frère de Beryl constata qu'elle n'était ni endormie ni évanouie, mais bien morte. D'une mort violente. Une grande plaie sanglante s'ouvrait dans la poitrine de la malheureuse victime. Il se releva, le cœur plein de colère : qui avait bien pu commettre un tel crime ?

S'arrêtant devant d'autres cadavres, les macabres découvertes se multiplièrent. Ils avaient été passés au fil de l'épée pour la plupart, d'autres gisaient décapités… Beryl détourna les yeux et se mit à sangloter doucement, et son frère, choqué lui aussi mais décidé à ne pas se laisser aller à la peine, le prit par les épaules :

« Ecoute, c'est terrible… Je sais..." Sa voix tremblait. Il faut trouver Fery... »

Il décida de ne pas révéler à son jumeau en larmes ses craintes, ses interrogations sur les auteurs du bain de sang qui s'étalait à leurs pieds. Il prit Beryl par la main et se dirigea vers le temple, au centre du village. Plus ils avançaient, plus les émanations gazeuses les prenaient à la gorge, les faisant tousser et pleurer. Le frère de Beryl déchira de sa tunique un lambeau de tissu qu'il plaqua sur sa bouche ; il en fit de même pour son jumeau.

Il leur fallait faire de gros efforts afin de ne pas regarder trop longtemps les corps qui jonchaient leur chemin. Parfois, remplis d'espoir, ils s'arrêtaient près d'une silhouette allongée, qui, à cause de leur vision troublée, leur semblait avoir bougé, mais devaient à chaque fois goûter l'amère déception de s'être trompés.

Ils parcoururent une bonne centaine de mètres avant d'apercevoir, adossé à une maison, un homme vivant mais suffocant, qui se tenait l'abdomen des deux mains. Le frère de Beryl courut vers lui, trop heureux de découvrir un survivant. C'était un vieil homme qu'il connaissait bien.

« Néphryth ! Qui t'a fait cela !? Que s'est-il passé ? Qui a perpétré ce carnage ?!

Tout en posant ces questions, il essayait tant bien que mal de stopper le sang du vieux Néphryth qui s'épanchait lentement, et appliqua de ses deux mains sur la plaie un tampon de tissu déchiré à la tunique de Beryl. Le vieillard n'avait déjà presque plus de souffle, mais il parvint à articuler, s'accrochant des deux mains aux vêtements du jeune homme penché sur lui :

« Krysos... Beryl... Le temple… ils nous ont… trouvés. Ils vont… la prendre… Krysos, vous devez… Fuir… fuir tout de suite… »

Néphryth agonisait. Krysos savait qu'il n'en avait plus pour longtemps, et que ses efforts pour le maintenir en vie étaient vains, mais il devait lui poser une dernière question :

« Néphryth, je t'en prie, reste avec moi ! Dis-moi où est Ferypenda ! Est-elle… vivante ? » Il eut du mal à articuler le dernier mot, comme si la mort de sa mère adoptive, la grande prêtresse du Feu, était inenvisageable…

Les mains du vieux Néphryth se firent molles et retombèrent bientôt à son côté. Krysos se mordit la lèvre de dépit, conscient de n'avoir pas pu sauver cet homme qu'il connaissait depuis son enfance... Il croisa les mains de Néphryth sur sa poitrine et regarda autour de lui afin de chercher un outil pour creuser une tombe. N'en trouvant pas, il baissa la tête, dépité de devoir laisser le cadavre de son vieil ami se décomposer à l'air libre.

Il se releva en serrant les poings de frustration, et s'adressa à son frère :

« Je sais que tu as peur ; moi aussi. Mais nous devons aller jusqu'au temple, nous devons comprendre ce qui se passe. Je ne partirais pas d'ici avant de savoir ce qu'est devenue Fery… »

Surmontant sa terreur, Beryl mit sa main dans la sienne, pour lui signifier qu'il le suivrait où qu'il aille. Ils remirent leurs masques de fortune sur leurs visages et reprirent leur route, de plus en plus abattus.

Plus ils avançaient vers le centre du village, plus les cadavres s'amoncelaient : il y avait là autant de femmes que d'hommes, et même… des enfants. Certains portaient encore des armes rudimentaires entre leurs doigts rigides, mais d'autres semblaient s'être faits faucher sans opposer la moindre résistance. Et ils ne pouvaient rien faire pour eux… L'idée de devoir laisser ces corps ici, dans leur tombe à ciel ouvert, répugnait les jumeaux. Mais des vivants avaient peut-être besoin d'eux.

Ils entendirent bientôt des sons métalliques retentir dans les rues proches devant eux : des bruits d'armes qui s'entrechoquaient. Krysos réalisa alors qu'il n'avait pas son épée. Il en ramassa une au hasard près de lui - d'une facture étrangère plutôt mauvaise -, s'attendant à chaque instant à tomber sur un assaillant assoiffé de sang. Il ne savait pas contre combien d'ennemis il pourrait défendre son frère, mais il était bien décidé à faire face autant que possible ; s'il devait mourir ici avec les autres, ce ne serait pas sans combattre. Avec prudence, il tourna au coin d'une rue, laissant son regard plonger au centre de la place principale de TigrEye.

Le spectacle le cloua sur place : des hommes portant de légères armures dorées massacraient ce qui restait de la population. Des prêtres surtout, mais aussi des villageois, tentaient tant bien que mal de se défendre en utilisant comme arme tout ce qui se trouvait à leur portée. Mais les habitants de TigrEye n'étaient pas des guerriers. Jamais ils n'avaient eu à repousser une telle sauvagerie.

A la vue des corps jetés en tas avec indifférence, Krysos sentit sa vue se brouiller. La rage, toujours au rendez-vous quand ses émotions négatives prenaient le dessus sur sa raison, l'envahit. Son sang commença à battre violemment et amena avec lui son cortège habituel de sensations fortes ; ses muscles se tendirent, sa mâchoire se contracta, ses yeux rouges se plissèrent pour davantage d'acuité... Il serra la poignée de l'épée ébréchée et s'apprêta à voler au secours d'une pauvre femme, qui portait la robe cérémonielle de la prêtrise, poursuivie par un soldat. Au moment où il se jetait sur l'agresseur il entendit dans sa tête le "cri" lancé par Beryl, qui le suppliait de ne pas se battre, de ne pas l'abandonner. Il ralentit son geste une fraction de seconde, mais le cri de la femme fut le plus fort sur le moment. Il abattit sa lame sur l'ennemi, tranchant dans l'os la partie de son corps que sa piètre armure ne protégeait pas entièrement. L'homme s'écroula sans un hurlement, toujours aussi anonyme qu'un instant plus tôt.

Krysos n'avait jamais encore ôté la vie d'un humain. Il fut surpris de la facilité avec laquelle il avait effectué cette mise à mort. Il ne ressentait nulle peur, nul regret de l'avoir fait. Le jeune guerrier retourna le corps avec son pied. Son armure, bosselée et de mauvaise fabrication, portait un insigne qu'il ne reconnut pas : un soleil symbolique aux multiples rayons. La jeune prêtresse, qui n'avait pas dû distinguer son sauveur dans l'épaisseur du brouillard qui régnait dans cette zone, s'était enfuie.

Krysos retourna auprès de son frère et le mena un peu plus loin, avec encore plus de prudence car les bruits de combat redoublaient. Les silhouettes des meurtriers et des victimes se mêlaient confusément dans la pénombre mortelle. Encore une fois, malgré les supplications de Beryl, Krysos se jeta dans la bataille et tua quelques autres soldats. Ses leçons d'escrime basiques, qu'il avait considérées au départ comme un simple passe-temps, avaient porté leurs fruits. Cependant, il arrivait en général trop tard : les soldats qu'il abattait - hélas ! en si petit nombre - avaient déjà fait leur lot de victimes. Il ne put sauver personne, se contentant dans sa tristesse mêlée de fureur, de rendre aux bourreaux ce qu'ils avaient infligé. Enfin, découragé, abattu, sa rage l'abandonnant petit à petit, il s'accroupit au milieu des monceaux de morts et laissa ses larmes couler.

Qui étaient-ils ? Pourquoi avoir fait cela ? De quoi étaient coupables les siens pour mériter pareil châtiment ?

Beryl le rejoignit et posa sa main tremblante sur son épaule. Krysos ne sut plus quoi faire sur le moment : devaient-ils continuer et risquer à chaque mètre de se faire tuer ? Y avait-il une chance que Ferypenda soit vivante ? L'idée de leur mère adoptive aux prises avec ces monstres les torturait… Combien de temps s'était écoulé depuis qu'ils avaient pénétré dans le village attaqué ? Dix minutes ? Trente ? Une heure ? Ils ne savaient plus, et leurs gorges irritées les faisaient souffrir.

Le parvis du centre du village semblait désert à première vue. Comme dans les rues adjacentes, des cadavres par dizaines jonchaient les pavés, éclaboussés de sang. Des lueurs dansantes se reflétaient sur les murs des maisons. Un silence pesant régnait sur ce spectacle de ruine. Mais Krysos, caché avec son frère derrière un pan de mur, remarqua sans peine les soldats qui faisaient les cent pas devant le temple.

Des langues de feu virulentes bondissaient par les portes fracassées et jetées bas ; les flammes tambourinaient sur les fenêtres comme des mains désespérées. Au milieu de cet enfer, une silhouette émergea du bâtiment sacré, d'un pas lent, comme si la proximité du danger ne l'effrayait pas. Elle s'arrêta sur le parvis, et un instant, Krysos aperçut dans sa main un éclat rouge, qui pulsa quelques secondes avant de disparaître. L'inconnu portait une légère armure dorée, avec les mêmes insignes que les autres soldats. Un souffle de vent chaud venu du temple souleva une lourde natte de cheveux blonds, qui sortait de son casque comme un cimier. Son visage demeurait caché mais Krysos comprit que c'était une femme ; il discerna alors mieux les formes féminines de sa cuirasse

La haine l'envahit encore. L'attitude de cette guerrière inconnue était la dernière insulte qu'il pouvait endurer. Elle était responsable, il le savait : elle avait, d'une manière ou d'une autre, profané le temple, et volé quelque chose, comme Néphryth l'avait prédit. Mais quoi ?

Le feu sacré de TigrEye faisait rage dans le temple ; les flammes se tendaient vers l'extérieur, rampaient comme des serpents à la recherche de quelque chose à mordre. Déjà les pierres du parvis roussissaient sous leur assaut et bientôt elles se propageraient à tout le village. Ce feu dévorerait tout, le bois et la chair comme le métal et la pierre.

Krysos sentit sa fureur le porter en avant, lui dictant de trancher en deux cette femme monstrueuse. Mais la main de Beryl l'arrêta cette fois ; il reprit alors un peu ses esprits et considéra la situation : des soldats patrouillaient tout autour du temple, et sans compter la guerrière sur le parvis, il serait suicidaire de se mettre à découvert maintenant. Il ravala alors sa colère, serrant la main de son frère afin de se contenir.

La femme en armure dorée fit un geste à l'attention des soldats et ceux-ci se mirent en rang. Elle descendit alors les marches du parvis, d'une démarche pleine d'assurance, comme si ce village lui appartenait. Elle se plaça près du soldat de tête, qui semblait l'attendre, et celui-ci lui parla :

"Il y a eu beaucoup de résistance, Madame, mais nous en sommes venus à bout. Ces paysans ne savaient pas se battre."

Elle répondit d'un ton de mépris :

« Ces chiens n'auraient pas dû nous résister. S'ils s'étaient laissés faire bien gentiment, ils seraient sans doute encore vivants. Qu'importe, nous avons ce que nous cherchions. En route ! »

La cohorte s'ébranla alors. Beryl et Krysos durent se contenter de les regarder passer, impuissants, toujours dans l'ignorance de l‘objet qui avait mené à ce massacre. Une fois seuls, ils se mirent à tousser frénétiquement : la fumée se faisait encore plus dense et on ne voyait presque plus à un pas devant soi. Malgré tout, Krysos devait jouer sa dernière chance. Il se dirigera difficilement vers le temple en flammes, et mettant ses mains en porte-voix, il cria avec le peu de souffle qui lui restait :

« Fery ! Fery ! Où es-tu ? »

Aussitôt, comme en réponse, un énorme craquement retentit et le toit s'affaissa sur lui-même. De gigantesques langues de feu s'en échappèrent, enfin libres, et le vent les poussa en direction des maisons proches. Les habitations de bois s'embrasèrent immédiatement ; celles en pierre résistèrent plus facilement, mais le feu magique aurait raison d'elles à la longue. Dans le brasier, des formes fantasmagoriques semblaient prendre forme, telles des têtes de drakones grimaçantes, arrachant de leur griffes et de leurs crocs ardents tout ce que le feu atteignait.

Krysos toussa douloureusement avant de se replier. Personne ne pouvait avoir survécu ici, pas même Ferypenda ; son Don la rendait insensible à la douleur, pas immortelle. Tout au plus aurait-elle pu échapper à un feu ordinaire, mais à une telle fournaise déchaînée…

Les jumeaux se retirèrent dans un quartier voisin, assez loin de l'incendie qui continuait malgré tout de se propager. Bifurquant de nombreuses fois dans les ruelles, ils se retrouvèrent devant leur propre maison, une bâtisse de pierres solide. Ils y trouvèrent refuge et un air étonnamment plus respirable. Entre deux halètements, Krysos s'adressa à son frère :

« Nous devons faire ce que Néphryth a dit : nous devons fuir. Du reste, c'est-ce que Fery aurait voulu. Tu te souviens de ce qu'elle disait souvent ? Que s'il devait arriver malheur au village, que si tout espoir était perdu, nous le retrouverions au nord ? Que nous devions suivre la Lune ? Alors, nous allons le faire, Beryl ! »

Beryl exprima son inquiétude, teintée de désespoir. Krysos tenta de le rassurer, malgré sa propre incertitude : avait-il bien interprété les paroles de Ferypenda ? Était-ce ce qu'ils devaient vraiment faire ? Il se souvint alors de l'étrange attitude de la prêtresse ces derniers temps : quand elle sortait de ses transes, les sombres présages qu'elle avait entrevus se lisaient sur son visage… Avait-elle en partie prévu cette catastrophe ?

Le crépitement des flammes se rapprochait. Krysos bondit à l'étage de la maison et, entrant dans une chambre pourvue de deux lits accolés, il se laissa tomber à terre et fouilla sous l'un d'eux. Il se releva, tenant dans ses mains une épée enveloppée d'un linge blanc. Quand il redescendit, il remarqua que Beryl avait déjà rassemblé dans une besace le peu de nourriture qui se trouvait dans la maison : du pain et des fruits. Il le remercia de sa prévoyance par un sourire triste.

Les deux frères fuirent le village, et laissèrent à contrecœur derrière eux l'incendie se charger de terminer le travail. Laisser brûler des cadavres était une tragédie, mais ils n'auraient pu se charger de les enterrer tous. Ils n'en avaient ni la force ni le temps. Les victimes ne reposeraient pas dans le sein de la terre dont elles étaient issues, leurs chairs ne retourneraient pas à leur matrice originelle, aucune gemmes ne naîtraient de leur mort afin de rappeler leur vie…

Ils se retrouvèrent au pieds des Pics Volcaniques : aucun signe visible de la cohorte ennemie. Elle était sans doute bien plus loin, sur les pentes. Krysos sourit amèrement : on lui avait si souvent dit que les Pics étaient impossibles à traverser… Pas pour des hommes déterminés, visiblement. Et cela, dans un sens, lui redonna confiance. Si ces soldats caparaçonnés de fer avaient pu le faire, pourquoi pas eux ?

Beryl surprit sa pensée et prit peur. Son frère le rassura, tout en ne lui cachant pas la vérité.

« Je veux retrouver cette femme ! » tonna-t-il. « Il faut traverser ces montagnes, et si personne de TigrEye ne l'a encore fait, je peux te jurer que nous seront les premiers ! »

Il leva les yeux vers les cimes qui ne lui avaient alors jamais paru plus menaçantes. Les montagnes pointues semblaient le narguer d'en haut, l'invitant à tenter ce que, il y a à peine quelques instants, il pensait impossible. Le Monde Extérieur attendait au-delà… un monde dont ils n'avaient tout deux jamais entendu que de vagues rumeurs, toutes plus ou moins légendaires.

Le village était anéanti, son peuple massacré, et pourtant quelque chose tout au fond de lui le poussait en avant, accompagné du secret espoir de récupérer ce que les siens avaient défendu de leur vie. Ce serait le dernier hommage à leur rendre… Il leur fallait suivre la voie indiquée par Ferypenda, suivre la Lune… Krysos se sentait capable d'entreprendre cette ascension périlleuse, mais Beryl le supporterait-il ? Il était bien moins résistant que lui…

Sentant son trouble, le jeune muet lui prit la main et posa sa tête sur son épaule, mêlant sa chevelure brillante à la sienne. Ils tremblèrent à l'idée du périple qui les attendait.

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MessageSujet: Re: ~ Gemminy [science-fantasy - en cours] ~   ~ Gemminy [science-fantasy - en cours] ~ EmptyVen 4 Mai - 17:31

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CHAPITRE PREMIER - Les Feux des Drakones
(Troisième Partie)

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Leur marche se révéla moins pénible depuis qu'ils s'étaient éloignés du foyer de l'incendie. Toutefois, ils avançaient pas-à-pas, tant à cause de leur abattement moral que de la difficulté du terrain, creusé d'ornières, de trous traîtres et même de précipices, qui les obligeaient parfois à dévier de plusieurs mètres. Ils marchaient tête basse, les bras ballants, et ne communiquaient que peu, même en pensée.

Parfois, Beryl avait du mal à passer un obstacle et son frère devait l'aider à escalader un rocher ou à sauter par-dessus un trou. Il était vrai qu'avec la robe ample qu'il portait, il ne lui était pas facile de se débrouiller, et Krysos dût même le porter à diverses reprises.

La Lune paraissait plus grande ici que près du village, signe qu'ils avançaient bel et bien même si les distances demeuraient trompeuses dans cette contrée. La Lune demeurait toujours visible dans le ciel, même de jour, mais brillait davantage la nuit, et sa puissance magnétique devenait plus forte. Elle exerçait toujours une attraction particulière sur les deux frères, comme si elle veillait sur eux de là-haut, telle une mère qui aurait perdu ses enfants. Les jumeaux avançaient toujours en regardant l'astre céleste, certains que s'ils ne le quittaient pas des yeux, ils ne se perdraient pas.

Un ensemble rocheux assez impressionnant se découpa dans la clarté diffuse. De forme arrondie, ovoïde, un rocher éclaté en son centre laissait entrevoir une autre couche rocheuse, plus fine, elle aussi ovale, dont la base était incrustée de pierres précieuses qui brillaient dans la pénombre. L'ensemble semblait étrangement déchiqueté, comme s'il avait implosé. Les jumeaux s'attardèrent à cet endroit, contemplant l'étrange édifice rocheux, avec la quasi conviction que c'était de cet endroit que leur avait parlé Ferypenda quand ils étaient petits, quand elle disait en murmurant « Je vous ai trouvés dans une pierre... »

Ils caressèrent les bords déchirés de la coque interne, essayant de se souvenir de ce qui s'était passé à cet endroit jadis, vingt ans auparavant. Comment Ferypenda les avait-elle trouvés, dans ce paysage aride ? Avait-elle été surprise de les trouver là ? Les avait-elle pris dans ses bras, tout de suite, parée de son habituel sourire triste ? Ou alors avait-elle eu une hésitation devant leurs faces blafardes et leurs yeux rougeoyants ? L'idée de les laisser ici l'avait-elle effleuré ? Le souvenir de la grande prêtresse aux cheveux auburn et au regard froid leur brisa le coeur, elle qui s'était exposée au mécontentement de son peuple en adoptant deux enfants inconnus. Une prêtresse-mère devait se dévouer entièrement à son sacerdoce ; le temps qu'elle avait passé avec eux lui avait peut-être coûté, mais que d'instants de bonheur partagés à eux trois... Les joyaux luisaient paisiblement, sans révéler aucun secret. Peut-être se trompaient-ils, peut-être cet endroit n'avait-il rien à voir avec eux. Et pourtant...

Ils ne purent rester ici plus longtemps, tiraillés par la soif et la faim, et par le désir de sortir de ce labyrinthe de pierre hostile.

Sur leur route, ils croisèrent les restes d'un campement, un feu de bois mal éteint, et même quelques reliefs de victuailles. Ils s'en délectèrent comme ils purent, afin d'économiser leurs maigres provisions, même s'ils savaient que cela avait été laissé là par leurs « ennemis« . Par contre, l'eau se faisait rare, et les quelques filets liquides miraculeux qu'ils purent trouver parmi les anfractuosités suffisaient à peine à étancher leur soif.

Ils s'arrêtaient quelquefois pour se reposer mais pas trop longtemps. Ils utilisaient des pierres-flambeaux afin de faire du feu. Krysos compta ainsi deux jours et deux nuits depuis leur départ de TigrEye. Jamais il ne s'était sentit si démuni, si confronté à l'inconnu, et de plus, il avait peur pour son frère. Beryl était craintif par nature, et peu débrouillard, un peu comme un enfant, et si Krysos n'était pas là pour s'occuper de lui, il serait quasiment incapable de faire quoi que ce soit tout seul. Il le regarda pendant qu'il dormait, tourné sur le côté, ses poings légèrement crispés, ses lèvres entrouvertes laissant passer son souffle, la tête se balançant doucement, comme pour bercer sa peur...

Comme il l'aimait...

Si seulement il pouvait être normal ... A son âge, son Don aurait déjà dû se manifester. Lui avait obtenu son Don à l'âge de douze ans, comme la plupart des gens, mais Beryl, lui, ne suivait pas le mouvement. C'était comme... bloqué à l'intérieur de lui, tout comme sa voix. Beryl n'était pas dans l'incapacité physique de parler, seulement... il ne parlait pas, voilà tout. Son frère arrivait toujours à comprendre ce qu'il voulait dire, en lisant ses expressions et aussi ses pensées bien sûr. Peu de gens y arrivaient.

Il était décidé à s'occuper de Beryl tout le temps qu'il faudrait. Et si cela ne changeait jamais ? S'il restait comme ça pour toujours ? S'il était condamné à ne jamais devenir un adulte ?...

Krysos vint secouer son cadet, doucement, pour le sortir du sommeil.

« Beryl, nous avons assez dormi. Il faut repartir. »

Et ils se remirent en route, toujours avec aussi peu d'entrain, mais avec l'espoir que le bout du chemin était peut-être derrière la prochaine montagne.

Au détour d'un rocher, une puanteur infecte les assaillit. Krysos contourna l'obstacle avec précaution et se figea de surprise devant le spectacle qu'il découvrit : un drakone gisait sur le sol, les ailes écartées, déchirées sur les roches coupantes, ses deux courtes pattes avant ramenées sous lui. Son énorme tête écailleuse, encadrée de membranes marquées de runes, reposait sur le côté, la langue pendante ; des caillots de sang séché adhéraient encore à son mufle écorché et ses paupières mi closes laissaient entrevoir ses iris de feu. Sa longue queue, aussi forte et redoutable qu'une massue, se tordait dans un angle non-naturel. La gemme géante qui ceignait sa poitrine, et que tous les drakones portaient, avait éclaté en morceaux. De nombreuses écailles brisées parsemaient le sol autour du monstre.

L'animal semblait mort mais Krysos ne put s'empêcher de tenir fermement la main de Beryl, par crainte de voir le drakone bouger et se jeter sur eux. En s'approchant avec prudence, il distingua sur le corps de la bête de multiples blessures ; quelques pennes de flèches dépassaient de son cuir. L'animal avait eu affaire à forte partie. Les frères n'avaient jamais eu l'occasion de contempler une de ces bêtes d'aussi près, et, malgré la férocité que révélait son apparence, elle restait empreinte d'une certaine noblesse, même dans la mort.

En inspectant un peu les alentours, Krysos découvrit également cinq corps, ceux de soldats en armure dorée... La petite armée qu'ils tentaient de pourchasser avait fait une mauvaise rencontre et livré bataille au drakone, sans doute surgi des airs pour fondre sur eux. Ici, le charme protecteur de TigrEye ne faisait plus effet. Krysos ne savait pas s'il devait s'attrister du sort de ces hommes ou bien s'en réjouir.

Mais un autre dilemme s'imposa à lui : devait-il laisser ces cadavres exposés ainsi au soleil et pourrir sans trouver le repos dans la terre, ou bien prendre le temps de les ensevelir ? Krysos, comme tout ceux qui vivaient à TigrEye, vouait aux morts un profond respect, et l'idée de les laisser ainsi, même après ce qu'ils avaient fait aux siens, le répugnait grandement. Ces hommes n'avaient pas eu la moindre pitié en massacrant des innocents et en les laissant sans sépulture... Méritaient-ils qu'on se souciât d'eux ? Un peu à contrecoeur, Krysos se détourna : il ne pouvait pas gaspiller du temps, et surtout ses forces, dans une telle tâche. Ces hommes avaient rencontré leur destin, perpétrant la mort de leurs victimes et rencontrant finalement la mort à leur tour.

Krysos ne parvint pas à déterminer si la mort du drakone remontait à quelques heures ou à plusieurs jours ; il espéra que la troupe ennemie, peut-être un peu diminuée, ne se trouvait pas trop loin. Il ne voulait pas perdre leur trace, même s'il ne savait pas encore ce qu'il ferait s'il les rattrapait. Il retourna auprès de Beryl ; celui-ci essayait d'atteindre du bout de la lame d'une épée abandonnée la gemme pectorale de l'animal mort. Mais l'épée se révéla trop lourde pour lui et il la laissa finalement tomber. Les jumeaux laissèrent ce macabre décor derrière eux.

Ils finirent par prendre beaucoup d'altitude. Du point où ils étaient, ils pouvaient même apercevoir TigrEye, du moins ce qu'il en restait, un point fumant au fond d'une large dépression naturelle. Les hauts volcans gris aux pentes rocailleuses qui les environnaient ne s'étaient éveillés qu'une fois de leur vivant, mais pour une raison inconnue, Krysos craignait qu'ils ne crachent de nouveau leurs flammes ; cette fois, le village n'y survivrait pas.

C'est alors qu'une immense ombre accompagnée d'un grand bruissement d'ailes apparut au-dessus d'eux. Les deux frères se jetèrent à terre à l'instant où un grand drakone, bien vivant celui-ci, passait sur eux, le cou allongé, les griffes dehors, les ailes déployées au maximum, sa gemme pectorale rougeoyant. Il avait surgi d'au-dessus de la crête, et fonçait maintenant vers la vallée. Il ne remarqua pas les deux jeunes gens à plat ventre ; son vol le porta bien loin, en bas, vers le village, au-dessus duquel il opéra un vol stationnaire, semblant attendre quelque chose.

Aussitôt, un autre drakone, encore plus grand que le premier, apparut au sud, et fondit également sur le village, suivit d'un autre congénère, et puis d'un autre. Jamais les deux frères n'avaient vu autant de drakones à la fois. Les énormes bêtes semblèrent s'engager dans un conciliabule, fait de grognements et de couinements. Puis, comme sur un ordre donné, ils se jetèrent sur ce qui restait du village. Tout ce qui n'avait pas encore brûlé succomba sous les feux démoniaques de ces monstres, qui balayaient de leurs queues massives les derniers restes de civilisation de ce coin de vallée. De leurs crocs, ils dévorèrent les corps restés là, comme de vulgaires proies, trop contents de ne pas se donner de peine...

Les deux frères se trouvaient loin mais voyaient parfaitement ce qui se passait, autant avec leurs yeux qu'avec leurs coeurs meurtris. Ils se prirent les mains et murmurèrent une prière silencieuse pour le repos des âmes des défunts, si cruellement profanés. De la fumée s'éleva de nouveau du village dévasté, et de temps en temps, un hurlement de drakone se faisait entendre. Krysos se mit à regretter le peu de pitié qu'il avait éprouvé pour l'un d'entre eux, peu de temps auparavant...

Jamais ces animaux ne s'étaient approchés du village du feu, quelque chose avait dû les appeler. Ou peut-être était-ce le pouvoir des prêtres qui avait protégé l'endroit jusqu'à maintenant, ou celui du temple, maintenant détruit... Krysos se désolait de ne pas avoir posé plus de questions à ce sujet à Ferypenda... Comme en réponse à l'attaque des drakones, un petit volcan éloigné cracha de la fumée dans le ciel clair ; un autre, plus éloigné mais bien plus grand, se réveilla à son tour de sa léthargie. Comprenant ce qui allait se passer mais ne voulant pas y assister, Krysos se détourna et entraîna Beryl dans la dernière partie du voyage.

La pente s'élevait toujours plus haute et plus raide, et bientôt, ils durent même ramper afin d'avancer plus efficacement. Cette nuit-là, ils dormirent sous un gros rocher en surplomb, Beryl la tête sur les genoux de son frère. Celui-ci, tellement fatigué par l'effort de la journée, connu un sommeil absolu cette fois.

Le lendemain, ils se mirent en quête d'un peu d'eau. L'air était bien plus vif et plus pur aussi. Un ruisselet courait depuis le nord jusqu'à eux. Ils burent jusqu'à éclater cette eau délicieuse, dans laquelle il ne trouvèrent aucune trace de cendre. Prenant leur courage à deux mains, ils entamèrent ce qu'ils espéraient être la dernière montée. Ils avaient repris des forces et ils dénichèrent même quelques racines comestibles sur leur route, qu'ils firent cuire en guise de petit déjeuner. Le village était loin à présent et même Beryl semblait avoir retrouvé un certain entrain. Krysos tendit la main à son frère afin de l'aider à passer un rocher coupant, et ils se trouvèrent alors tout à coup sur un terrain plat, derrière les montagnes qu'ils apercevaient autrefois de chez eux. Et ce qu'ils virent se révéla au-delà de tout ce qu'ils avaient pu imaginer...

Alors qu'ils n'avaient jamais connu que de la végétation rare et clairsemée, à leurs pieds s'étendaient des arbres. Une mer d'arbres. Ils connaissaient la mer, mais jamais ils n'en avait vu une constituée d'arbres, tellement serrés qu'on ne pouvait voir le sol. Tellement étendue qu'elle se perdait dans les brumes lointaines du nord. Un vol d'oiseaux passa au-dessus de leur tête et se posa quelque part dans cette verdure. C'était ce que Ferypenda avait appelé la forêt de Fayalyth. Leurs nez captaient des odeurs qu'ils ne connaissaient pas, et leurs oreilles se tendaient au doux bruit de chutes d'eau.

Leur calvaire était terminé. Ils avaient trouvé un endroit où la vie régnait en maître. Une vie inconnue pour eux, à découvrir, mais qui les appelait à venir partager ce miracle.

A la vue de tant de beauté, les deux frères manquèrent défaillir. Ils se prirent dans les bras l'un de l'autre et restèrent là, pendant un moment, trop émus pour dire ou faire quoi que ce soit d'autre.

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(Fin du chapitre 1 - 6907 mots)

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MessageSujet: Re: ~ Gemminy [science-fantasy - en cours] ~   ~ Gemminy [science-fantasy - en cours] ~ EmptySam 5 Mai - 11:22

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(Première Partie)
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"La femme ne fut jamais pour moi que des paysages, que la rappeleuse d'heures, de pays et de paysages..."

Ils restèrent quelques temps aux abords d'une rivière tranquille, dans laquelle nageaient des poissons multicolores. Jouer dans une onde aussi pure était quelque chose de nouveau pour eux ; ils se baignaient et se séchaient longuement au soleil, dormaient dans l'herbe touffue, parmi les fougères et les touffes de ciguës, et les ombelles curieuses se penchaient sur eux. Le chant des oiseaux ravissaient leurs sens, et les rayons du soleil, filtrés par les branches des arbres, leur faisaient penser à des yeux géants qui les regardaient du ciel en clignant des paupières.

Mais rien n'était plus beau pour eux que les couleurs dont se parait la forêt la nuit tombée, toute de bleu, violet et blanc, caressée par les pâles rais de la Lune ; tout se transformait alors en un paysage mystérieux et onirique, où le chant des rossignols et le cri des chouettes en chasse se mêlaient par intermittence. Les jumeaux prêtaient alors l'oreille, les yeux fermés, et il leur semblait dans ces moments-là entendre la voix de Ferypenda qui les appelait tristement…

Alors qu'ils se reposaient après un copieux repas de poissons et de baies, un grognement sourd mais lointain se fit entendre derrière eux. Beryl se redressa en sursaut, et Krysos posa la main sur le pommeau de son épée. Les jumeaux prirent alors conscience que des créatures peu recommandables pouvaient se tapir dans cette forêt. Ils avaient d'ailleurs assez traîné en chemin. Krysos se rappela les soldats ennemis, toujours en marche...

Les jumeaux s'approvisionnèrent en baies et en fruits, laissant l'eau derrière eux, persuadés de trouver des sources sur leur chemin. Ils firent leurs adieux à la petite rivière calme, et partirent vers l'ouest. Krysos avait étudié l'itinéraire alors qu'ils se trouvaient encore sur la dernière crête des Pics Volcaniques : en suivant cette direction , ils finiraient par atteindre le rivage et en le longeant, ils arriveraient bien quelque part. Humant l'air, une odeur salée leur indiqua la proximité de l'océan.

Le puissant roulement des flots retentissait sur la vaste plage qui s'étirait vers le nord. L'océan était ici plus tumultueux qu'à TigrEye, et d'une couleur différente, du bleu du ciel et du vert des feuilles. Les vagues se pressaient sur le rivage désert, léchant les pieds des deux jeunes hommes. Cette immensité bleu-vert au souffle renversant les subjugua un temps ; ils jouèrent dans les vagues avec insouciance, s'émerveillèrent de la force de l'eau qui les repoussait sans cesse sur la plage, délassait leurs muscles et baignait les blessures de leurs âmes. Krysos nagea même assez loin vers l'ouest : aucune autre terre n'apparaissait à l'horizon. Il aperçut cependant les ailerons dorsaux de quelques créatures marines, et se dépêcha de revenir en arrière rejoindre Beryl.

Ils décidèrent de prendre par le nord et de suivre la côte. Ils marchèrent ainsi, entre forêt et mer, avec l'impression de se trouver à la lisière de deux univers différents, pas coupés l'un de l'autre comme l'avait été leur village et le reste du monde, mais qui se côtoyaient en harmonie ; les rouleaux d'eau salée venaient parfois recouvrir les racines des arbres et transformaient la plage en mangrove. Les arbres y étaient plus tortueux, leurs racines noueuses, et ils eurent fort à faire pour traverser cette zone. A un moment, Beryl se jeta sur son frère en tremblant, et prétendit qu'un arbre avait tenté de l'agripper. Krysos fronça les sourcils avec indulgence et lui conseilla de ne pas laisser vagabonder son imagination.

Ils mangeaient du poisson et buvaient de l'eau aux quelques sources qu'ils trouvaient. Krysos confectionna un harpon rudimentaire et apprit à bien se débrouiller avec. Mais le rugissement tonitruant de la mer rendait le sommeil difficile. Aussi lorsque la forêt se dispersa sur leur droite, faisant place à des terres herbeuses, les deux frères décidèrent de les traverser ; ils apercevaient des champs, et même des clôtures, signes d'une vie humaine dans les parages.

Ils distinguèrent sur leur route une curieuse proéminence rocheuse, qui émergeait du sol herbeux, entre deux bras de rivière. Il s'agissait en fait de l'entrée d'une caverne à moitié souterraine, dans laquelle ils se reposèrent un temps. Elle semblait vaste et se divisait en de nombreux tunnels après seulement quelques pas. Sur ses parois, on pouvait lire comme des signes gravés, ou des peintures anciennes. Des gemmes incrustées dans la roche scintillaient vaguement dans la pénombre. Ces symboles leur parurent familiers, mais ils restaient malgré tout incompréhensibles pour eux. Malgré leur curiosité, ils ne voulurent pas se risquer dans ces profondeurs inconnues et reprirent leur route.

Des fleurs sauvages poussaient dans des champs à peine cultivés, et Beryl courait de-ci de-là pour en cueillir de pleines brassées. Le jaune, le rouge et le blanc se mêlaient au vert des vastes pâturages, dans lesquels quelques bêtes apprivoisées, qu'ils n'avaient encore jamais vues, paissaient tranquillement. Un troupeau de quadrupèdes à la crinière volant au vent passa près d'eux, et Beryl, timide, leur tendit son bouquet de fleurs qu'ils broutèrent avidement. Krysos eut un rire silencieux et Beryl piqua alors une fleur rouge dans les cheveux de son frère ; celui-ci éclata franchement de rire cette fois.

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