L'Odyssée du Marcheur de Rêves

Bonsoir,

Un nouveau projet d'écriture germe depuis quelques temps dans mon esprit et j'ai décidé hier de coucher sur le papier un premier jet, ici le prologue et le premier chapitre.
J'aimerai avoir des avis extérieurs, et surtout des critiques car j'avoue avoir eu du mal à mettre mes idées en place ici.
Le but étant une ambiance sombre, un mystère planant et une trame qui ne se révèle que petit à petit.

Merci d'avance pour vos avis !

PS : il se peut que vous trouviez pas mal de fautes d'orthographe, je n'ai pris le temps de relire le tout qu'un seule fois. Dans ce cas merci de m'en faire part

PROLOGUE

La chambre était baignée d'une douce lueur argentée, que la lune laissait paraître par la fenêtre ouverte sur l'infini du ciel étoilé.
L'enfant dormait paisiblement, et n'était dérangé ni par le vent qui s'engouffrait doucement dans la pièce, ni par les chuchotements de ses parents derrière la porte fermée.
-On ne peut pas faire ça, Allan... notre propre fils !
-Il le faut Alicia... tu le sais. Tu te dois de regarder bien plus loin que notre simple amour pour lui, si grand soit-il. L'enjeu est beaucoup trop important.
Alicia ne répondit pas, trop bouleversée pour raisonner correctement.
-Et si ce n'était pas lui... ? Dit-elle après un long silence, le visage tourné vers la porte qu'elle fixait d'un regard vitreux. Mais elle savait que ses mots étaient vides de sens.
Pour toute réponse, Allan la regarda droit dans les yeux et la prit dans ses bras. Une larme coulait à présent sur la joue d'Alicia, et ses yeux brillaient tels des reflets d'étoiles sur l'océan.
Ils restèrent ainsi enlacés pendant plusieurs minutes, sans dire mot, laissant la tristesse les submerger.

Bien plus tard dans la nuit, le vent ne souffle plus, les chuchotements se sont éteints. Rien ne peut troubler les rêves de l'enfant. Sur le sol de la maison, une ombre glisse lentement en direction de la chambre. La porte s'ouvre, sans un bruit, laissant une silhouette noire comme la nuit entrer dans la pièce, que même la lune a peur d'éclairer à présent, redoutant de révéler ce qui s'y trouve.
Lentement, la porte se referme.

De longues heures ont passées. L'aube chasse à présent la noirceur de la voûte céleste et le soleil s'élève, illuminant le paysage montagneux de sa splendeur rougeoyante.
De la maison, aux pieds des montagnes, une longue plainte déchirante s'élève. A l'intérieur de la chambre de l'enfant, la mère, à genoux au pied du lit contemple, le visage ruisselant de larmes, une rose noire, déposée avec douceur sur le matelas où était endormi son fils quelques heures plus tôt.

CHAPITRE 1

Des nuages. Des nuages à perte de vue, voilant l'immensité bleutée de l'océan.
Aryael, debout sur le pont du navire, ferma les yeux et laissa le vent lui chatouiller avec douceur le visage, jouissant de cette sensation de liberté totale. Ses longs cheveux blancs perles flottaient dans l'air, dévoilant le visage d'une jeune femme à la peau presque grise, que les gouttes d'embrun déposées par les vagues faisaient briller à la lueur des quelques rayons de soleil perçants à travers la masse grise de nuages. Aryael était une Velene, ce qui expliquait la physionomie particulière dont elle avait hérité.
Les vagues faisaient légèrement tanguer le navire, poussé à bonne allure par le vent grâce à trois immenses voiles. Avec ses trente mètres de long, le Marcheur de Rêves était un des plus grands navires de la région et une vingtaine de marins étaient nécessaires à son équipage. Taillé pour la vitesse, les bouches de canons sur chaque côté de la coque laissaient deviner que le navire était aussi bien adapté aux longs voyages que pour la guerre.
A part le bruit des vagues venant s'écraser sur la coque du navire, seuls les cris des quelques oiseaux marins volant au dessus du bateau venaient briser le silence bienfaisant de l'océan.
Un sourire s'esquissa sur les lèvres d'Aryael et ses paupières s'ouvrirent, laissant paraître deux grands yeux d'un violet très clair. Un frisson parcouru son corps fin et élancé. Quel plaisir que de se laisser dériver au gré des vagues sur l'océan !
Et la dernière fois, c'était avec son père... son sourire s'effaça aussi soudainement qu'il était apparu. Des images lui revinrent en tête, des souvenirs lointains...
Aryael, toute jeune, courant sur le pont, riant lorsque les vagues s'écrasaient sur la coque du bateau en l'éclaboussant... son père la prenant dans ses bras et la faisant tournoyer au dessus de sa tête, lui aussi riant aux éclats...
Une boule se noua au creux de son estomac. Il était parti à présent. Peut-être mort. Ainsi que presque tous ceux qu'elle avait connu avant... avant quoi ? C'était comme un trou noir au milieu de sa mémoire... elle n'avait aucun souvenir de ces sept dernières années.
Derrière elle, la porte de la cabine s'ouvrit dans bruit grinçant, interrompant le cours de ses pensées.
-Aryael ?
C'était Aspar, le capitaine du Marcheur de Rêves. Tout comme Aryael, Aspar était un Velen, dont il héritait la peau grise et les cheveux blancs, qui étaient noués par une queue de cheval qui lui descendait jusqu'au milieu du dos. Il était la seule personne qu'elle se rappelait avoir connu auparavant... il était alors marin et officiait sous les ordres de son père, jadis lui-même capitaine du navire. Dans les souvenirs de la jeune Velene, c'était un jeune homme fougueux, amoureux de l'océan, toujours joyeux et souriant. Mais à présent, depuis son retour sur le navire, jamais elle ne l'avait vu sourire, pas une seule fois. De son visage jeune et jovial, il ne restait qu'un visage triste et pâle, mangé par une barbe hirsute.
-Oui ? Répondit-elle dans un murmure.
-Cela va faire cinq jours entiers que nous naviguons, et toujours sans but... Les hommes commencent à se demander si je ne suis pas devenu fou. Je sais que tu en a besoin , tout autant que moi...Mais il va falloir envisager de regagner la terre ferme à présent.
Aryael ne répondit pas. Perdue dans ses pensées, les yeux rivés sur l'horizon, elle n'avait écouté qu'un partie des paroles d'Aspar, mais avait comprit l'essentiel. L'océan était sans doute le seul endroit où elle avait réussie à trouver la sérénité ces derniers temps, où elle avait pu oublier son chagrin et cette folie qui la guettait, et elle n'avait pas la moindre envie de retourner sur le continent.
Comprenant qu'elle ne lui répondrait pas, le capitaine se retourna et s'apprêta à regagner sa cabine.
-Aspar ?
-Je sais ce que tu penses. Mais je n'aime pas l'idée de garder ces hommes loin de leurs familles dans le simple but de te faire profiter du confort que procure l'océan, répondit-il d'un ton ferme. Nous allons rentrer.
-Non, ce n'est pas ce que je voulais dire. Comme tu l'as fait remarquer, cela va faire cinq jours entiers que nous naviguons. Et jamais nous n'avons eu de conversations à propos de... tu sais, ce qui s'est passé, dit-elle sur un ton qui trahissait son hésitation.
Mon père est parti, continua-t-elle. Tous ceux que je connaissais auparavant son partis. Sans aucune trace. Peut-être même sont-ils morts. Je n'ai absolument aucun souvenir de ces sept dernières années. Je ne sais ni comment, ni pourquoi. Je n'ai aucune idée de tout ce qui s'est déroulé pendant tout ce temps. Tout ce que je sais, c'est que je me suis réveillé dans le lit même sur lequel je m'étais endormie sept ans plus tôt, chez moi, il y a à peine une semaine, et qu'à mon réveil tout mon monde avait basculé. Je suis totalement ignorante, j'ai cru sombrer dans la folie. Je n'ai plus aucun repère... sauf toi, dit -elle en se tournant vers lui. Il la regardait, le visage ferme, mais son regard laissait deviner une pointe d'étonnement.
-Mais tu n'as jamais ne serait-ce que soulever le sujet, continua-t-elle. Tout est allé si vite ! Des milliers de questions me torturent l'esprit à chaque instant, Aspar...
-Tout comme moi, répondit-il d'un ton calme. Cependant j'ignorais que toi aussi...
-Que moi aussi ?
-C'est absurde. J'avais tiré un cet événement, et voilà que je découvre que je ne suis pas le seul à avoir été totalement déconnecté du monde pendant les sept années qui viennent de s'écouler. Je n'ai moi non plus strictement aucun souvenir, comme un vide au beau milieu de ma mémoire... Et toutes les personnes que je me rappelais avoir connu ont disparues. Je pensais que j'étais devenu fou... ce qui ne s'est pas arrangé avec ton arrivée sur le navire. Te voilà, sortie de nulle part, alors que je ne pensais jamais te revoir. Tu étais la seule personne dont il me restait des souvenirs, et cela n'a fait qu'accroître le flot de questions qui déferlait dans ma tête. Pourquoi n'avais-tu pas disparue comme tous les autres ? Tu as beau me reprocher de ne jamais avoir abordé le sujet, je ne t'ai jamais entendu soulever la question une seule fois ! Mais voilà qui change bien des choses. Nous avons apparemment tous deux vécu la même chose et cela ne peut pas être une coïncidence.
Aryael était restée bouche bée tout au long de la tirade d'Aspar. Elle n'était pas seule !
-Ça alors, je... je n'aurai jamais imaginé...
-Que j'étais dans le même cas que toi ? Figure toi que moi non plus. Mais même si cela n'explique rien, ça prouve au moins que nous ne sommes pas devenus fous et qu'il s'est passé quelque chose.
-Mes derniers souvenirs remontent à mes treize ans... j'ai cru mourir d'une crise cardiaque lorsque j'ai vu mon reflet pour la première fois après mon réveil ! Et tout ça n'était rien comparé au choc lorsque j'ai appris en quelle année nous étions... sept ans ! Sept années entières s'étaient écoulées en une nuit !
-Oui, j'ai vécu la même chose à la différence que mes derniers souvenirs remontent à mes vingt-cinq ans... Et plus rien n'est comme avant...
Il était à présent accoudé au bastingage et laissait son regard vide vagabonder au rythme des vagues. Il frappa alors brusquement du poing sur le parapet. Aryael sursauta.
-Qu'y a-t-il ?
-Mais que s'est-il passé, bon sang ! Pourquoi nous-sommes nous réveillés un beau jour avec un trou de sept ans au beau milieu de notre mémoire ? Qu'est-ce qui peut expliquer ça, hein ? Rien ! Rien du tout ! C'est incompréhensible ! Impossible ! Son ton avait haussé au fur et à mesure de sa tirade, jusqu'au se terminer sur un cri. Il se prit alors la tête entre les mains et poussa un long soupir.
Des bruits de course se firent alors entendre et un homme débarqua sur le pont, le visage anxieux.
-Un problème, capitaine ?
-Non, tout va bien, Dris. Retourne à la poupe et dit aux hommes que nous retournons sur le continent. Rien ne nous retiens ici et je vous ai déjà fait perdre assez de temps à naviguer vers un but inconnu sans aucune destination.
Le visage du marin s'illumina à l'idée que cet étrange voyage touchait à sa fin.
-A vos ordre capitaine ! S'exclama-t-il avant de retourner en trottinant vers la poupe.
-Je n'ai aucune envie de regagner la terre ferme, dit alors Aryael d'un ton neutre.
-C'est moi le seul capitaine de ce navire. Estime toi déjà heureuse que je t'ai accepté à son bord au moment de partir alors que tu ne fais même pas parti de l'équipage.
-Ce navire est à mon père ! Riposta-t-elle en haussant le ton.
-Dans ce cas, où est-il ? Crois-tu vraiment que le Marcheur de Rêves allait rester ancré pendant toutes ces années dans l'attente du retour de ton père ? Que personne ne connaît à part toi et moi, de surcroît ! Je ne sais rien de tout ce que ce navire a vécu pendant ces sept ans, mais lorsque j'ai vu quel imbécile en était à présent capitaine, j'ai tout de suite su que c'était à moi de reprendre le contrôle. Je l'ai vaincu en duel et j'ai gagné la confiance de ces hommes ! Ce bateau est tout ce qui m'a parmi de garder un lien avec cette nouvelle réalité déchirante. Il me revient de droit !
Aryael était au bord des larmes. Le fait que son père ne soit plus là n'était pas encore ancré en elle et elle n'arrivait pas à l'admettre. La tristesse se transforma alors en rage qu'elle décida de déverser sur l'homme qui se trouvait en ce moment devant elle.
-Tu n'es qu'un foutu opportuniste ! Cracha-t-elle.
-Un opportuniste, moi ? Bon sang mais atterri ! Nous avons vécu la même chose tous les deux ! Comment peux-tu dire ça alors que je suis dans le même état que toi ? Crois-tu donc que la perte de ton père ne m'attriste pas ? Aldur était la personne qui comptait le plus pour moi ! Il m'a pris sous son aile alors que j'étais encore tout jeune et démoli par la perte de mes parents ! C'est lui qui m'a permit de reprendre goût à la vie en me transmettant cette passion de l'océan ! Sans lui je ne serai rien ! Comment OSES-tu insinuer une chose pareille ?
Son ton avait de nouveau haussé, mais cette fois-ci c'était contre la jeune Velene que sa colère se déversait, et il la fixait d'un regard flamboyant, le visage déformé par la rage.
Aryael ne s'attendait pas à une telle réaction. Peut-être avait-elle mal jugé Aspar et, si son père avait eu confiance en lui, alors elle n'avait aucune raison de lui parler ainsi. Elle se senti tout à coup totalement idiote et regretta amèrement son comportement.
-Je suis désolé d'avoir réagi ainsi, dit-elle d'un ton calme. Je n'aurai pas dû te juger et mon père avait confiance en toi, cela suffit pour me faire regretter de t'avoir insulter.
-J'accepte tes excuses. Je comprends ce que tu ressens et peut-être que ma réaction a été excessive, car je sais que ton père te manque bien plus qu'à moi, il serait totalement idiot de ma part de penser le contraire.
Sa voix était redevenue posée il s'exprimait d'un ton presque paternel, comme si toute sa colère c'était volatilisée instantanément.
-Nous sommes tous les deux perdus, affirma Aryael. Non seulement par la disparition des êtres qui nous étaient chers mais aussi par le choc dû à ce qu'il s'est passé. Ta réaction est tout aussi justifiée que la mienne. Reste à savoir si nous allons pouvoir surmonter cela...
-Je refuse de rester les bras croisés, et de reprendre le cours de ma vie comme si rien ne c'était passé. C'est impossible et je n'aurai de répit tant que je ne saurai pas ce qu'il s'est passé. Je découvrirait l'origine de toute cette mascarade, quoi qu'il m'en coûte.
-Dans ce cas tu ne sera pas seul.
L'affirmation avait été prononcée d'un ton sans équivoque, qui reflétait la détermination absolue de la jeune Velene.
Comme si toutes les phrases nécessaires avaient été prononcées, Aspar se retira alors sans un mot et rejoignit sa cabine, laissant Aryael seule à contempler l'infini de l'océan, perdue dans les méandres de ses pensées. Elle ne comprenait pas la moindre logique dans tout ce qui était en train de se dérouler, mais tout son univers avait été réduit à néant et elle découvrirait coûte que coûte l'origine de tout cela.
Et ce n'était certainement pas une coïncidence si son destin se mêlait ainsi avec le jeune capitaine du Marcheur de Rêves.
Au loin, des éclairs commencèrent à transpercer les nuages.

J'ai adoré ce que tu as écrit. Bravo.
Il y a un bon suspens et le mystère plane bien. J'aime ton style d'écriture.
Cependant, je pense que tu devrais décrire un peu plus les personnages.
J'ai hate de lire la suite (s'il y en a)